dimanche 25 juin 2017

Mariages à la marocaine

2 mariages à la marocaine


Nous avons eu le plaisir d'être invités consécutivement à 2 mariages marocains. Deux mariages différents, l'un à Marrakech, l'autre en campagne.
Comme partout, chaque mariage est différent, je vais essayer de partager ce que j'ai vu et appris à ces deux occasions.

Commençons par les généralités:
Un mariage, ici, se fait en plusieurs étapes. ça commence par les fiançailles...


Les fiançailles: "Khobta" ou "Khetba"

En France, les fiançailles sont tombées en désuétude, ici, c'est une étape incontournable. C'est l'échange des consentements, le jeune homme demande la main de sa future épouse à son futur beau-père. 
L'étape est cruciale, il faut bien entendre qu'ici, et particulièrement dans les campagnes, il y a bon nombre de mariages arrangés. Pas forcés hein, mais bel et bien arrangés entre les familles. Le consentement est à plusieurs niveaux: les parents doivent être d'accords entre eux, puis les jeunes promis doivent se plaire... 

Très rapidement après cet échange de consentement, il y a la discussion (si elle n'a pas été entamée avant).




La discussion

Elle a lieu essentiellement entre les parents qui doivent se mettre d'accord sur la dot, la date du mariage, le lieu, le budget, les cadeaux, l'organisation...
Durant cette période, la fiancée se doit d'être particulièrement gâtée par son fiancé, et reçoit des cadeaux.
Les fiançailles peuvent encore être rompues.


Le mariage "Al Kaghet" (dit "les papiers")

C'est une expression que l'on entend en permanence quand il s'agit de mariage: il / elle "a fait les papiers".
C'est un passage administratif, les jeunes promis passent devant un "adoul" sorte de notaire chargé d'enregistrer le mariage. C'est une cérémonie en comité très restreint où les documents du mariage sont signés en présence de deux témoins.

Dès lors, ils sont mariés, mais ne vivent pas encore ensembles... Ils se touchent à peine le bout des doigts, et cela jusqu'à la fête de mariage. C'est à cette fête, qui se déroule plusieurs mois après, que nous sommes invités.
Autrement dit, lorsque nous sommes invités à un mariage marocain, les mariés sont déjà mariés depuis souvent plusieurs mois, mais ils ne vivront ensembles qu'au terme de cette fête.


La fête de mariage marocain

C'est toujours une grande fête, les invités sont nombreux, familles et amis, amis et amis d'amis, collègues de travail, voisins... Je crois qu'un mariage de moins de cent personnes n'existe pas, ce sont toujours de très grands mariages, il n'y a que le faste qui varie en fonction des moyens  de chacun !...
Quand les moyens le permettent, les mariages sont magnifiques, brillants, les tenues des mariés soignées & variées, les tables regorgent de mets différents, les musiciens et orchestres se succèdent. Les mariés sont littéralement les rois de la soirée, ils se tiennent sur un trône, et les défilés se font à chaque changement de tenue.
Une chose importante à savoir au sujet de l'intendance: si les invités sont conviés à partir de 21h, les mariés, eux, ne font leur apparition que vers 23h. Entre les deux, il ne se passe pas grand chose... De l'eau à boire, un jus de fruits, un petit gâteau par ci part là... La fête ne commence réellement qu'à l'arrivée des mariés, et le repas est servi encore plus tard ! Donc, pour profiter pleinement du moment, il est sérieusement avisé de manger suffisamment - avant- pour ne pas mourir de faim -pendant- et tenir jusque vers minuit / une heure du matin sans avoir faim. Une bonne sieste dans l'après midi n'est pas superflue non plus pour éviter de tomber le nez dans l'assiette et de devoir partir trop tôt pour cause de fatigue !!
Les robes et caftans de la mariée sont traditionnellement au nombre de 7 (dont une se devant d'arborer la tradition régionale de sa famille), les costumes du mariés sont au nombre de 2 à 4. Dans l'un des mariages où nous étions conviés, la mariée a porté 12 tenues, son époux également afin d'être toujours assorti. Dans le second, il n'y avait qu'une seule tenue.

En principe, cette fête se déroule en deux temps. La veille, la mariée se pomponne avec sa famille et ses amies. C'est aussi et surtout le jour du rituel au henné, jour où les femmes, ensembles, se font appliquer des tatouages au henné sur les mains et les pieds pour souhaiter à cette union bonheur et prospérité. Lors de ce rituel, la robe de la mariée est verte.


Lors de l'arrivée des mariés le soir de la fête, la robe est en principe d'un blanc immaculé.


Voilà pour les grandes lignes. 
Rentrons un peu plus dans le détail. Il y a, dans les faits, souvent deux mariages. Le mariage de la mariée puis celui du marié. 
L'un et l'autre organisent un mariage avec ses propres invités.
Concrètement, pour la grande majorité des personnes n'ayant pas les moyens de louer une salle, cela permet de réduire au raisonnable la taille du mariage d'une part, de n'avoir sous son toit que des personnes que l'on connaît d'autre part, et cela évite aux familles d'avoir à  s'entendre sur les dépenses.
Le premier est en principe celui de la mariée; il se déroule chez elle, avec sa famille, ses ami(e)s, ses voisins... Le marié y est présent avec sa famille très proche, parents, frères, sœurs...
Le lendemain généralement, c'est le marié qui organise chez lui, avec les même règles et dans le même objectif.

Mais tout cela n'est vraiment pas figé, il semble également ces dernières années qu'il soit communément admis que le marié puisse renoncer à sa propre fête dans l'optique d'économiser une dépense dont le montant sera utilisé dans le foyer.




A propos de mariages marocains...

L'échange d'alliances

Les alliances ne font pas partie de la tradition ancestrale comme chez nous, elles sont aujourd'hui très usitées, mais c'est un ajout moderne. La tradition est que le fiancé offre des bijoux en général. En revanche, dans le sud du Maroc surtout, la femme mariée portait (et porte toujours) une fibule (sorte de broche) épinglée sur ses vêtements pour afficher sont statut.

Il existe des fibules de toutes les tailles

Le moussem d'Imilchil ou la foire aux fiancés

Il existe, dans le haut Atlas, au cœur du pays berbère, une énorme foire annuelle accueillant quelques 20 000 personnes qui se déroule au début de l'automne (généralement le premier ou le second week-end de septembre). Sa vocation première est agricole, commerciale et religieuse (remerciement , mais pas que. Elle est aussi très connue pour sa vocation aux fiançailles. A cette occasion, exceptionnellement, les femmes célibataires souhaitant se marier (jeunes filles, veuves ou divorcées) se montrent à visage découvert et peuvent ainsi rencontrer des hommes ayant la même aspiration.



Sur l'importance d'être mariés

Il est ici inconcevable qu'un couple vive ensemble en union libre ou concubinage, les relations sexuelles hors mariage sont interdites par la religion et légalement interdites. La peine encourue (en dehors de la montagne de problèmes) est de un mois à un an d'emprisonnement (art. 490 du code pénal).
Concrètement, tout de même, ça existe, particulièrement dans les grandes villes. Mais c'est dangereux et compliqué pour un musulman. Par exemple, il faut montrer ses documents de mariage quand un couple va à l'hôtel. A défaut et au mieux, le couple dormira dans la rue, au pire il dormira au commissariat en attendant de savoir à quelle sauce il sera mangé !
Ceci s'applique aux musulmans. Nous occidentaux, sommes exemptés de cette répression, mais nous n'aurons jamais de documents de résidence en tant que couple non marié.


Sur la polygamie

Je sais qu'elle est autorisée, qu'elle assez fréquente dans les couches populaires, qu'elle est soumise à des règles... C'est à peu prêt tout ce que je sais sur la polygamie au Maroc, je vais me renseigner plus avant et traiter ce sujet dans un prochain article !



  



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